Les vieux clichés en noir et blanc rappellent que les routes non asphaltées sur le Tour de France, même sans remonter à l’époque où les coursiers roulaient avec des chambres à air de secours autour des épaules, ce n’est pas une nouveauté. Pour autant dans l’ère moderne, le peloton n’a jamais été invité à poser ses roues sur des chemins agricoles, hormis ceux de Paris-Roubaix qui sont parfois visités par le Tour mais dont les pavés présentent des caractéristiques différentes. Sur les 32 kilomètres de chemins blancs au programme du jour, disséminés qui se présenteront pour les premiers après une quarantaine de kilomètres de course, les 14 secteurs représenteront chacun une opportunité de bousculer le scénario, ou un risque de se faire piéger par la poussière ou les petits cailloux. La boucle de Troyes, c’est à la fois une étape de prestige que les costauds veulent épingler et une option pour tenter de jouer un coup ailleurs qu’en montagne… une vraie classique au beau milieu du Tour.
Il ne fait aucun doute que les volontaires pour l’échappée seront nombreux, et que l’avenir du groupe attaque qui se constituera (ou pas !) dépendra de son volume et de la puissance intrinsèque de ses membres. Les difficultés du jour ne prendront pas par surprise les prétendants à la victoire, qui sont facilement identifiables par leurs expériences fructueuses sur les Strade Bianche ou encore sur les chemins de vignes de Paris-Tours. La course italienne affiche sur son palmarès six vainqueurs présents dans le peloton, avec Michal Kwiatkowski (2014-17), Tiesj Benoot (2018), Wout van Aert (2020), Mathieu Van der Poel (2021), Tom Pidcock (2023) et Tadej Pogacar (2022-24), qui a époustouflé lors de la dernière édition avec un solo de 80 kilomètres pour s’imposer à Sienne. Il est fort probable qu’une bonne partie d’entre eux seront acteurs de la confrontation décisive au beau milieu du vignoble champenois. Et au moindre mouvement de l’un d’entre eux, la bataille ne laissera pas sans réaction les Primoz Roglic et Remco Evenepoel, qui ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de rivaliser sur les classiques. Jonas Vingegaard n’a pas les mêmes références à faire valoir, mais sait que sa survie dans le match au sommet dépend aussi de sa capacité à s’adapter à ces terrains instables.