Tadej Pogacar a rappelé mercredi qui était le patron du Tour de France en s’imposant dans le contre-la-montre individuel de 27,2 km tracé entre Changé et Laval. Le Slovène, qui avait frappé les esprits dans le dernier chrono de la dernière édition à la Planche des Belles Filles, a tiré un coup de semonce en direction de ses rivaux, même s’il a laissé, pour huit secondes, le maillot jaune à Mathieu Van Der Poel, survolté dans le final pour conserver sa tunique. Le leader de l’équipe UAE Emirates, à plus de 50 km/h de moyenne, a mouché le Suisse Stefan Küng, champion d’Europe de la discipline, qui a échoué à 19 secondes malgré un parcours impeccable.
Le Danois Jonas Vingegaard (Jumbo Visma) s’est permis de terminer à la 3e place, devant ses leaders Wout Van Aert, 4e, et Primoz Roglic, 7e, alors que d’autres favoris, comme Julian Alaphilippe, 14e à 1 :11, ou Geraint Thomas, 16e à 1 :18, ont déjà perdu gros dans le premier grand test de cette édition.
Bjerg donne le ton
Le début de ce contre-la-montre était, sous un ciel lourd, l’occasion de passer en revue les éclopés des étapes précédentes. Tony Martin, loin de la puissance qui a fait de lui un quadruple champion du monde de la spécialité, a effectué un parcours sérieux en 35’33” tandis que Chris Froome, le quadruple vainqueur du Tour, se contentait d’un chrono appliqué (36’20”), de même que Marc Hirschi (36’28”). C’est, dans ces premiers passages, le jeune Danois Mikkel Bjerg, triple champion du monde espoirs du chrono, qui faisait la plus forte impression et enregistrait le temps de référence en 33’01”.
Épisode pluvieux
La pluie se mêlait alors de la partie, confortant le leader provisoire dans ses positions, et contraignant ses adversaires à la prudence. C’est ainsi que Brandon McNulty (UAE Team Emirates) tombait et changeait de vélo avant de repartir les genoux en sang.
Le Suisse Stefan Bissegger, vainqueur d’un chrono un peu plus court sur Paris-Nice au printemps, s’approchait un peu du temps du Danois, mais sans prendre de risques, et échouait à 22 secondes. Magnus Cort Nielsen (EF Education-Nippo) titillait pour sa part son compatriote à six secondes alors que la route séchait peu à peu, relançant les espoirs des favoris.
Küng aux commandes
Plus de deux heures après le passage de Bjerg, c’est Mattia Cattaneo (Deceuninck-Quick Step) qui s’installait à son tour dans le kiss and cry en détrônant le Danois pour six secondes. Mais l’Italien ne rêvait pas longtemps : favori de beaucoup, Stefan Küng effectuait le parcours presque parfait pour prendre solidement les commandes en 32’19”, repoussant son adversaire à 36 secondes. À plus de 50 km/h de moyenne, la victoire d’étape était en vue, mais restait à attendre les prestations des prétendants à la victoire finale. Tandis que deux autres Danois, Jonas Vingegaard et Kasper Asgreen, partaient en trombe, Primoz Roglic dosait parfaitement son effort.
Pogacar écrase tout
Ce n’était pas le cas de Geraint Thomas, handicapé par son épaule luxée, et qui accusait déjà un retard de 25 secondes au premier intermédiaire (km 8,8). À l’arrivée, tous butaient pourtant sur le temps du Suisse : Vingegaard à 8”, Asgreen à 18”, Roglic à 25”. Tous sauf un : Tadej Pogacar, qui améliorait tous les temps de passage (10” après 8,8 km, 17” après 17 km) pour l’emporter haut la main et rappeler à tous qu’il est encore l’homme à battre dans cette édition. Ce mercredi soir, le Slovène précède Wout Van Aert de 22 secondes, Julian Alaphilippe de 40 alors que d’autres favoris comme Rigoberto Uran ou Richard Carapaz sont déjà plus d’une minute de lui.