BAHRAIN VICTORIOUS

L’équipe véhicule l’image du Bahreïn, petit pays pétrolier du Golfe persique qui s’implante au XXIe siècle sur la carte du sport mondial selon la volonté du Sheikh Nasser bin Hamad Al Khalifa. Le fils du roi Hamad bin Issa Al Khalifa, triathlète à ses heures, préside le conseil suprême des sports et commande la garde royale. Son équipe cycliste, dont le second nom, Victorious, est celui de son écurie de chevaux (course et équitation, qu’il pratique également), est financée par un consortium de diverses entreprises du royaume.

Les premières participations au Tour de France de Bahrain-Merida, la marque de cycles taïwanaise ayant été le premier co-sponsor, se sont soldées par des fiascos, d’abord avec la chute et l’abandon, dès le prologue de Düsseldorf en 2017, de son leader Ion Izagirre. Vincenzo Nibali, sa tête d’affiche, est revenu sur le Tour de France avec l’objectif de le remporter en 2018 mais il a été contraint à l’abandon, victime d’un accrochage en montant vers L’Alpe d’Huez, et son lieutenant, Domenico Pozzovivo, s’est classé 18e. Diminué en 2019 par le Giro (2e), le vainqueur du Tour de France 2014 ne visait pas un nouveau Maillot Jaune mais il a rappelé son tempérament de requin en saisissant une dernière opportunité de victoire d’étape à Val Thorens, deux semaines après l’ouverture du palmarès de l’équipe sur la Grande Boucle par Dylan Teuns, à la Planche-des-Belles-Filles.

Entre-temps, Rohan Dennis, son autre renfort de choix, s’était mystérieusement éclipsé à la veille du contre-la-montre, spécialité dont il était pourtant le champion du monde. Recruté comme nouveau leader de Bahrain-McLaren, l’appellation précédant Bahrain Victorious, Mikel Landa, souvent dans le top 10 final, s’est classé 4e en 2020 (comme 2017 avec le Team Sky). Il est systématiquement en quête du podium sur les Grands Tours et a fini par le retrouver (sept ans après) au Giro 2022. En son absence, ses partenaires sont montés sur l’estrade à Paris pour recevoir le Prix par équipes en 2021, en plus des victoires d’étapes de Matej Mohoric et Dylan Teuns tandis que Pello Bilbao a intégré le top 10 (9e).

Beaucoup plus discrète sur le Tour de France 2022, où Fred Wright, deuxième à Saint-Étienne derrière Mads Pedersen, s’est révélé, la formation bahreïnie a relancé la machine en 2023 en obtenant trois victoires d’étapes particulièrement spectaculaires avec ses coureurs de grande expérience, Pello Bilbao (6e du général final), Wout Poels et Matej Mohoric, après les trois top 3 du sprinteur Phil Bauhaus. En la mémoire de Gino Mäder qui devait faire ses débuts sur la Grande Boucle mais a trouvé la mort, tragiquement, sur le Tour de Suisse en juin, le premier dossard réservé à l’équipe (le 61) a été retiré pour cette édition.