La vie des sprinteurs, c’est l’éternel recommencement. On n’assiste pourtant jamais à la même explosion de puissance dans le dernier kilomètre, l’ordonnancement travaillé à l’entraînement et dans les briefings se trouve toujours perturbé par des paramètres imprévus, les plans et les stratégies des uns et des autres se bousculent ou s’articulent… tant et si bien que les prévisions les plus logiques sont très souvent contrariées. Alors que la machine Alpecin-Deceunink paraissait enfin rodée pour propulser Jasper Philipsen vers une nouvelle série de succès, elle s’est à nouveau enrayée hier à Villeneuve-sur-Lot pour le plus grand bonheur de Biniam Girmay, dont la force a frappé pour la troisième fois sur le Tour cette année. « Le maillot vert m’a donné des ailes », s’est extasié l’Erythréen effectivement aux anges après son succès dans le Lot-et-Garonne, pendant que son rival belge pouvait avaler sa déception, après avoir mis à contribution ses équipiers toute la journée et finalement lancé son sprint sans son poisson-pilote Mathieu Van der Poel… tout cela pour terminer à la 4e place. Alors qu’il tenait une chance de se relancer dans la bataille du maillot vert, le lauréat 2023 a cédé du terrain, et a également perdu hier deux de ses lieutenants, Jonas Rickaert et Soren Kragh Andersen, tous deux arrivés hors-délais hier.
Pour autant, Philipsen connaît la musique et sa formation n’a d’autres objectifs que de l’amener au succès sur des étapes comme celle de Pau, que les coureurs atteindront aujourd’hui après 163,3 kilomètres en provenance d’Agen. Les candidats à l’échappée connaissent le risque de voir les trois équipes belges se lancer à leur pour poursuite : celle de « Bini », celle du champion national Arnaud De Lie, et celle de Jasper, donc. Les audacieux qui feront ce choix tablent sur le final légèrement vallonné qui pourrait les favoriser s’ils sont capables de l’exploiter. Mais en plus de l’armada belge qui sera à leurs trousses, il leur faudra résister à l’appétit d’autres prétendants au sprint comme Arnaud Démare, le dernier vainqueur d’un sprint à Pau (2018) et certainement remonté après avoir cru au succès et s’être vu déclassé de la 3e place par le jury des commissaires. Les Movistar ont montré hier qu’ils cherchent à obtenir avec Fernando Gaviria la première victoire de leur histoire dans un sprint massif, et l’Allemagne qui ne s’est plus illustrée dans ce domaine depuis Marcel Kittel a placé à la fois Pascal Ackermann et Phil Bauhaus dans le Top 5 cette année. Il pleut des fonceurs !