La deuxième étape du Tour de France était présentée comme une revanche de celle de Bilbao, où les frères Yates avaient dominé la concurrence. Sur un scénario similaire, c’est un groupe plus étoffé qui s’est détaché dans la montée du Jaizkibel, laissant place à une explication musclée dans la plongée sur Saint-Sébastien, où plusieurs attaquants ont tenté leur chance, dont le Basque Pello Bilbao. Finalement, Victor Lafay a attendu le dernier kilomètre pour placer une offensive fulgurante et résister jusqu’au bout à ses poursuivants. Après sa 6e place hier, le coureur de Cofidis va chercher le plus beau de sa carrière sur la baie de Saint-Sébastien, où seuls des coureurs français ont triomphé sur des étapes en ligne : Louis Caput en 1949, Dominique Arnould en 1992 (Indurain avait remporté le prologue), et maintenant Victor Lafay. Déjà vainqueur sur le Giro il y a deux ans, il met fin à une disette de 15 ans pour l’équipe nordiste, qui n’avait plus connu la victoire sur le Tour de France depuis Sylvain Chavanel à Montluçon.
46,1 kilomètres dans la première heure
Après le forfait de Richard Carapaz (Ef Education-Easypost), il reste 174 coureurs au départ de Vitoria-Gasteiz. Plusieurs attaquants tentent leur chance dans les premiers kilomètres, mais c’est en définitive Neilson Powless (EF Education-Easypost) et Edvald Boasson-Hagen (TotalEnergies) qui sortent du peloton au km 8, rapidement rejoints par Rémi Cavagna (Soudal-Quick Step). Le trio obtient rapidement la bénédiction du peloton pour creuser l’écart, et atteint le sprint intermédiaire avec un avantage de 4’25’’. Les attaquants n’ont d’ailleurs pas ménagé leurs efforts puisque la distance parcourue dans la première heure est de 46,1 kilomètres.
Petite récolte pour Powless
L’aventure profite dans un premier lieu à Neilson Powless, qui saisit le maximum des points en jeu au col d’Udana (km 81,3) puis au sommet de la côte d’Aztiria (km 87,6), où les trois compagnons de route réalisent tout de même que les coéquipiers du Maillot Jaune chez UAE ont bien l’intention de contrôler la course : après avoir laissé l’écart enfler jusqu’à 4’55’’ (km 68), le peloton se rapproche à 3’55’’.
Chute de Ben O’Connor
La course entre dans les 70 derniers kilomètres avec la côte d’Alkiza, où Rémi Cavagna perd la roue de ses compagnons de route. Powless s’applique à faire monter son capital de points en compagnie de Boasson-Hagen, mais leur avantage n’et plus que de 1’45’’. Pour son rendez-vous suivant au sommet de la côte de Gurutze (km 174,2), l’Américain a perdu le renfort de son allié norvégien, qui a cédé au pied de l’ascension. Au même moment, à 37 km de l’arrivée, une chute met à terre quelques coureurs dont Ben O’Connor, qui parvient toutefois à revenir dans le peloton.
Pogacar saisit les bonifs
La montée du Jaizkibel, défi majeur de la journée, se présente devant le maillot à pois alors qu’il n’a plus que 1’20’’ d’avance, et que les Jumbo-Visma ont à leur tour décidé de forcer l’allure. Il résiste jusqu’au 3 derniers kilomètres d’ascension mais abdique devant un mini-peloton qui ne compte plus qu’une trentaine de coureurs et a notamment épuisé Pinot ou Alaphilippe. Dans les 400 derniers mètres de montée, il reste trois candidats en tête pour saisir les secondes du point bonus : Tadej Pogacar bat au sprint Jonas Vingegaard et poursuit son effort à la bascule, avec son grand rival dans sa roue.
Le coup du kilomètre !
Un groupe Maillot Jaune se reforme dans la descente avec une trentaine de coureurs. Parmi eux, Pello Bilbao s’isole mais ne passe que 5 kilomètres en tête, avant d’être avalé à 5,5 km de la ligne d’arrivée. Plusieurs attaquants tentent suite leur chance, comme Pidcock et Skjelmose, mais c’est Victor Lafay qui place l’accélération la plus tranchante et décisive en passant sous la Flamme Rouge. Le coureur de Cofidis creuse un écart minime mais parvient à résister jusqu’au bout au retour du peloton, réglé immédiatement derrière lui par Wout van Aert devant Tadej Pogacar.