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Un jour en jaune : Tom Simpson (IV/X)

Ils sont bien loin des records d’Eddy Merckx, beaucoup moins réputés que les trois autres quintuples vainqueurs du Tour, Jacques Anquetil, Bernard Hinault et Miguel Indurain. Au total, 67 coureurs ont porté le Maillot Jaune une seule journée (ou moins) durant toute leur carrière et incarnent aussi à leur façon un message d’excellence mêlé d’humilité. Avant de connaître une fin tragique sur les flancs du Mont Ventoux lors de l’édition 1967, Tom Simpson était d’abord devenu en 1962 le premier porteur britannique du Maillot Jaune.

humour british... simpson (tom)
humour british... simpson (tom) © PRESSE SPORTS

Une petite révolution se joue au départ du Tour 1962, avec le retour des équipes de marques qui remplacent sur la course les sélections nationales. La formule a pour effet de redynamiser tous les favoris, motivés par des directeurs sportifs qui les encadrent (et qui les payent !) à l’année. Le tenant du titre, Jacques Anquetil, mène la grande équipe ACBB-Saint-Raphaël, tandis que Raymond Poulidor, déjà repéré pour avoir gagné Milan-San Remo et le championnat de France, fait ses débuts sur le Tour pour le compte des cycles Mercier. On fait dans un premier temps peu de cas de Tom Simpson, dont les deux premières participations ont été plutôt anecdotiques (29e en 1960, abandon en 1961) et c’est d’ailleurs son leader avec le maillot de la chicorée Leroux, André Darrigade, qui attire la lumière en début de Tour, en s’imposant au sprint à Herenthals (étape 2).

« S’il pleut à Wimbledon, j’aurai sans doute la chance d’avoir quelques articles un peu plus longs que d’habitude dans la presse. Sinon, ça risque de passer inaperçu »

Dans le peloton, le grand-breton, mais aussi breton d’adoption depuis qu’il s’est installé à Saint-Brieuc, traîne une réputation de piètre stratège, décrit dans L’Equipe comme « un écervelé doué d’une classe énorme, mais qu’il avait semblé gaspiller par un esprit primesautier ». Quoi qu’il en soit, lorsque les débats de la montagne débutent dans le massif pyrénéen, Simpson est bel et bien posté en embuscade, 3e du général pour aborder l’étape de Saint-Gaudens. Alors que Bahamontes a anticipé dans le Tourmalet et l’Aspin pour se ruer sur les points du maillot à pois, c’est la montée à Peyresourde qui sélectionne le vrai groupe des costauds, avec 22 coureurs dont l’essentiel des favoris. Si Robert Cazala s’adjuge l’étape, c’est bien Tom Simpson qui fait sensation en devenant le premier porteur britannique du Maillot Jaune.

Sept ans plus tôt, Brian Robinson menait la première délégation anglaise sur la Grande Boucle, puis signait en 1958 le premier succès d’un Britannique sur une étape. Mais entre-temps, avec Simpson c’est un prétendant au Tour qui s’est affirmé, vainqueur du Tour des Flandres en 1961 et 2e de Paris-Nice au printemps 62. Voilà de quoi donner de l’aplomb à un champion, qui se réjouit du rôle d’ambassadeur du cyclisme qu’il peut désormais assumer au soir de sa prise de pouvoir sur le Tour : « S’il pleut à Wimbledon, j’aurai sans doute la chance d’avoir quelques articles un peu plus longs que d’habitude dans la presse. Sinon, ça risque de passer inaperçu, s’amuse-t-il avant de prophétiser sa reculade du lendemain. Bien sûr, je voudrais garder le Maillot Jaune le plus longtemps possible, mais j’appréhende un peu l’étape contre-la-montre de Superbagnères. C’est un peu long à mon goût ». Effectivement, le Maillot Jaune passait des épaules de Simpson à celles de Jo Planckaert, avant de retrouver celles d’Anquetil. Cinquante ans plus tard, c’est un de ses lointains héritiers, Bradley Wiggins, lui aussi élevé à l’école de la piste, qui portait au plus haut le drapeau du Royaume-Uni en le portant jusqu’au podium des Champs-Elysées.

Les épisodes précédents, à relire ou à découvrir :
. 1931 : Max Bulla (I/X)
. 1939 : Amédée Fournier (II/X)
. 1952 : Andrea Carrea (III/X)

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