En 2014, « le requin » du détroit de Messine n’avait, comme Fabio Aru cette année, pas gagné une course avant de se présenter au départ du championnat d’Italie. Disputé dans le Trentin sur un circuit sélectif, il lui avait servi de tremplin vers le Tour de France qu’il n’abordait pas dans la peau d’un favori contre Chris Froome et Alberto Contador. Mais Nibali n’avait pas attendu que les deux stars jettent l’éponge sur blessure pour prendre la tête du classement général. Maillot Jaune dès le deuxième jour à Sheffield, il avait abandonné la tunique de leader pour une journée seulement, au Français Tony Gallopin. Dimanche, à Ivrea, dans le Piémont, le lauréat s’est effondré en larmes après avoir couru secrètement avec un maillot qu’il avait échangé avec son coéquipier Michele Scarponi, tragiquement décédé il y a deux mois. « J’ai vécu des moments difficiles ces derniers mois, s’est-il excusé à chaud, mais la vie m’a enseigné à les surmonter. »
Si Aru a manqué de résultats en ce début de saison, c’est qu’après une opération des cloisons nasales qui lui permet désormais de respirer pleinement, et des places sur les Tours d’Oman (8e) et d’Abu Dhabi (3e), il a abandonné Tirreno-Adriatico, sur bronchite, après quatre jours. Il s’est blessé à un genou dans une chute à l’entraînement, en Sierra Nevada, en avril. Sa reprise, au Critérium du Dauphiné, s’est soldée par un classement proche de celui de Nibali en 2014 : 5e, alors que « le requin » avait terminé 7e, à cette différence près qu’Aru a favorisé la victoire finale de son coéquipier Jakob Fuglsang avec lequel il se présente, théoriquement, en qualité de co-leader au départ du Tour de France.
Comme Nibali il y a trois ans, Aru court pour Astana (avec Fuglsang). C’est sa deuxième participation suite à une première expérience mitigée l’an passé : sixième au général avant la dernière étape de montagne, puis treizième au final après un écroulement inattendu sur la route de Morzine. Comme Nibali (en 2010), le premier Grand Tour inscrit à son palmarès a été la Vuelta (en 2015). Il visait le centième Giro, partant de Sardaigne, son île, cette année, suivant le plan de progression de Nibali, vainqueur de son Tour national en 2013 (avant de récidiver l’an passé). C’est un changement de programme forcé qui ramène Aru au Tour de France avant d’avoir remporté la course rose.
En 2014, Nibali était dans sa trentième année. Aru fêtera son 27e anniversaire lundi prochain, au cours de l’étape Verviers-Longwy, puisqu’il est né le 3 juillet 1990, le jour de la victoire d’étape de Johan Museeuw au Mont-Saint-Michel, soit l’endroit même où il a pris le départ de son premier Tour de France l’an passé.
En 2014, comme cette année, le premier sommet du Tour de France était La Planche des belles filles et Nibali s’y était imposé. Interrogé sur ce parallèle à l’issue du championnat d’Italie, le Sarde a botté en touche en signalant : « Aujourd’hui (dimanche donc), Vincenzo a aussi livré une belle bataille et honoré ce championnat d’Italie (12e). » Aru préfère donc éviter les comparaisons pour s’épargner un surplus de pression.
Douze champions nationaux sur route sont annoncés au départ de Düsseldorf : Sergio Henao (Colombie/Sky), Oliver Naesen (Belgique/AG2R-La Mondiale), Jesus Herrada (Espagne/Movistar), Fabio Aru (Italie/Astana), Arnaud Démare (France, FDJ), Ignatas Konovalovas (Lithuanie/FDJ), Marcus Burghardt (Allemagne/Bora-Hansgrohe), Stephen Cummings (Grande-Bretagne/Dimension Data), Reinardt Janse van Rensburg (Afrique du Sud/Dimension Data), Zdenek Stybar (République Tchèque/Quick-Step Floors), Juraj Sagan (Slovaquie/Bora-Hansgrohe), Ramon Sinkeldam (Pays-Bas/Sunweb).
Actualités
28 juin 2017
- 12:50
Fabio Aru, comme Vincenzo Nibali en 2014 ?