« Je commencerai sur la défensive… pour voir ensuite si je peux passer à l'offensive ». Dans la bouche de Tadej Pogacar, la déclaration semi-prudente livrée hier soir au sujet de ses intentions sur l’étape d’Isola 2000 peut d’ores et déjà être interprétée comme une mise en garde. Un décryptage plus fidèle aux habitudes de l’ogre slovène laisse imaginer que sauf en cas de défaillance, le Maillot Jaune enclenchera à un moment ou à un autre son régime turbo, soit en réaction à une initiative d’un de ses deux premiers poursuivants, soit pour tuer dans l’œuf leurs velléités de se lancer dans une opération reconquête. Le terrain s’y prête, avec une étape au format ultra dynamique de 144 kilomètres qui emmènera les coureurs à trois reprises au-delà de la barre des 2000 mètres d’altitude : au col de Vars dans un premier temps, dont l’ascension révèlera déjà les ambitions respectives de leurs équipes ; en montant à la cime de la Bonette par la route la plus haute de France, culminant à 2802 mètres ; puis enfin sur les 16 kilomètres de lacets menant à la station d’Isola 2000, où il sera l’heure de faire les comptes et d’enregistrer les dégâts causés par cette journée à 4400 mètres de dénivelé positif.
Même avec la promesse entendue à demi-mots d’une explication entre les leaders du classement général, les grimpeurs les plus en forme parmi ceux qui ne représentent pas de menace tenteront leur chance. La question de leur capacité à résister sera vite réglée si Pogacar, Vingegaard et Evenepoel ne se contentent pas de se neutraliser pour entériner leurs positions dans la hiérarchie. Et au regard de leurs tempéraments observés depuis le début du Tour, ce n’est pas le genre de la maison.