Le titre de la présentation de l’étape du jour n’a rien d’un parti pris, qui serait déplacé sur le site officiel d’une course où les 172 partants ont tous le même droit de croire en leurs possibilités de victoire. Il y a en revanche fort à parier que les spectateurs du bord des routes donnent avec les milliers de pancartes qui brandiront ce slogan un thème monochrome à ce trajet de 211 km entre Evaux-les-Bains et la station du Lioran. Celle où le premier Maillot Jaune du Tour 2024 a appris à dévaler sur des pistes de ski lorsqu’il était enfant. Pour se donner toutes les chances d’obtenir un bon de sortie, Romain Bardet a pris soin de se laisser dériver dans les profondeurs du classement général (40e à 29’28’’ de Pogacar), un « luxe » qu’il n’aurait pu se permettre lors de la dernière arrivée au Lioran en 2016, alors qu’il comptait parmi les prétendants au podium final. Pour les mêmes raisons, il avait aussi manqué le coup gagnant en 2019 lorsque la Grande Boucle avait fait étape dans sa ville natale de Brioude, où Daryl Impey s’était imposé. Idem pour le grand défi du Puy de Dôme l’année dernière, enlevé par Michael Woods. Cette fois-ci, les conditions semblent réunies, et le deuxième du classement général Remco Evenepoel se montrait lui-même plutôt favorable hier soir aux projets du régional de l’étape : « j’espère qu’il arrivera à tenter le coup, il est très déterminé ».
De la bienveillance des patrons de la course, pourquoi pas, mais Bardet ne bénéficiera en revanche d’aucune indulgence de la part d'une quantité de grimpeurs qui seront ses rivaux ses rivaux pour prendre l’échappée. Et encore moins de ceux qui l’accompagneront pour monter au Puy Mary en passant par le col de Nérone, s’attaquer au col de Pertus et enfin au final du Lioran. Il ne pourra alors compter que sur la puissance de ses jambes, sa finesse tactique et sa connaissance du terrain… ce qui n’est déjà pas si mal. L’analyse du maillot blanc donnait aussi une idée claire du scénario le plus probable à envisager : « il y aura deux courses, une pour l’étape et une pour les acteurs du classement général ». Le terrain des 50 derniers kilomètres se prête à une baston magistrale… alors pourquoi pas deux ?
