Après la publication de la liste officielle des partants, 176 coureurs sont bien attendus au départ de la première étape. Afin d’honorer la mémoire de Gino Mäder, décédé à la suite d’un accident sur le Tour de Suisse, le numéro 61 n’a pas été attribué et ses coéquipiers chez Bahrain-Victorious porteront donc les numéros 62 à 69.
Les débats débuteront par une étape de 182 kilomètres, avec départ et arrivée à Bilbao, où le duel attendu entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard pourrait aussi être lancé. La bataille concernera également les challengers des deux grands favoris de la Grande Boucle, comme David Gaudu, Ben O’Connor, Jai Hindley, Romain Bardet, etc.
En marge des opérations du Grand Départ, la création de l’organisme SafeR a été annoncée par les parties prenantes du cyclisme professionnel avec l’ambition commune d’améliorer les conditions de sécurité sur les courses professionnelles.
NATIONALITÉS : LA NORVÈGE GRANDIT
Les 176 coureurs du Tour de France 2023 présentent au total des passeports de 27 nationalités. La France reste le pays le plus représenté avec 32 coureurs, soit un contingent identique à celui de 2022, suivie par la Belgique (21), l’Espagne et les Pays-Bas (14), l’Australie (12), le Danemark qui égale avec 11 coureurs son record de 2021, tandis que la Norvège qui aligne pour la première fois une équipe (Uno-X), a aussi la délégation la plus importante de son histoire avec 8 partants. Si l’Australie égale son record établi en 2012, l’Italie n’avait en revanche plus enregistré un nombre de coureurs aussi faible (7) depuis 1983.
Pour la deuxième année consécutive, l’Américain Quinn Simmons sera le plus jeune coureur au départ, tandis que le doyen est à chercher dans les rangs de la formation Soudal-Quick Step : Dries Devenyns devrait fêter ses 40 ans le jour de l’étape du Markstein. Parmi les 36 débutants sur la Grande Boucle, le vainqueur du Giro 2021 Jai Hindley fera partie des plus observés, tout comme l’Espagnol Carlos Rodriguez et le vainqueur de Gand-Wevelgem 2021 Biniam Girmay.
12 CHAMPIONS NATIONAUX SUR ROUTE AU DÉPART, RECORD ÉGALÉ
Douze champions nationaux sur route prendront place dans le peloton devant le stade San Mamès de Bilbao : Tadej Pogacar (Slovénie), Richard Carapaz (Équateur), Valentin Madouas (France), Emanuel Buchmann (Allemagne), Mattias Skjelmose (Danemark), Esteban Chaves (Colombie), Fred Wright (Grande-Bretagne), Dylan van Baarle (Pays-Bas), Alex Kirsch (Luxembourg), Alexei Lutsenko (Kazakhstan), Quinn Simmons (États-Unis) et Gregor Mühlberger (Autriche). C’est un nombre record, équivalent à celui de 2010, 2014, 2017 et 2019. À titre de comparaison, ils n’étaient que cinq l’an passé : Peter Sagan (Slovaquie), Florian Sénéchal (France), Nils Politt (Allemagne), Felix Grossschartner (Austriche) et Reinhardt Janse van Rensburg (Afrique du Sud). Un treizième maillot distinctif sera présent au départ de la première étape : celui de champion d’Europe de Fabio Jakobsen.
POGACAR ET VINGEGAARD, LE DUEL ATTENDU
Les trois dernières éditions du Tour de France ont été remportées par Tadej Pogacar (2020, 2021) et Jonas Vingegaard (2022). Leurs confrontations sur le Tour les désignent comme les deux prétendants qui se détachent pour le Maillot Jaune à enfiler sur les Champs-Elysées dans plus de trois semaines, d’autant plus que leurs prestations sur la première partie de saison les placent l’un comme l’autre au sommet des pronostics. Pogacar s’est montré intouchable au printemps, en particulier sur Paris-Nice, tandis que la domination de Vingegaard a été éclatante sur le Critérium du Dauphiné. Le leader d’UAE, absent des compétitions depuis une blessure au poignet sur Liège-Bastogne-Liège, a donné des nouvelles encourageantes quant à sa récupération, expliquant que « la mobilité n’est pas totale, mais je ne ressens pas de douleur ». Et le champion de Slovénie n’est pas du genre à fuir les questions sur le grand match attendu sur les routes : « Jonas est sans aucun doute le principal favori de ce Tour, il a dominé le Dauphiné en disant qu’il n’était pas au top de sa forme, à quoi doit-on s’attendre ? Le meilleur scénario, ce serait de prendre le Maillot Jaune sur la 20e étape, comme il y a trois ans. Mais cette fois-ci il y aura de l’action dès la première semaine. Si je peux gagner une seconde ici où là, je sauterai dessus ». Manifestement déterminé, « Pogi » se positionne frontalement devant Vingegaard, qui choisit au contraire de déplacer le sujet en élargissant le club des prétendants : « Il n’y a pas que lui et moi, et la question des favoris n’est pas très importante. Ce qui compte, c’est de savoir qui tiendra la meilleure forme à la fin de la course. En tout cas, on peut considérer que je suis chassé, mais je suis aussi à la chasse à la victoire. Ce n’est pas si différent de l’année dernière ».
LA CHASSE AU PODIUM EST OUVERTE
Les observateurs comme les coureurs s’accordent sur l’identité des deux grands favoris de la 110e édition. En revanche, le nombre de candidats à une place dans le Top 5 peut très vite enfler, en prenant en compte tous ceux qui se sont déjà invités dans le club, et ceux qui peuvent légitimement frapper à la porte. Quatrième l’année dernière, David Gaudu s’appuie sur sa performance de Paris-Nice pour viser le tiercé de tête, tandis que l’Australien Ben O’Connor souhaite lui aussi améliorer sa 4e position, obtenue en 2021, tout en gardant à l’esprit qu’il sera délicat de rivaliser avec Vingegaard et Pogacar : « Si vous essayez de les attaquer, vous risquez de le payer, il y a de grandes chances qu’ils vous suivent. Il faudrait par exemple profiter d’une baisse de concentration de leur part, mais c’est peu probable ». Le leader australien d’AG2R-Citroën exprime un avis largement partagé, par Romain Bardet par exemple qui a déjà fréquenté le podium à deux reprises (2e en 2016, 3e en 2017), mais aussi par Jai Hindley qui s’est imposé sur le Giro en 2022 et fait ses débuts sur la Grande Boucle : « pourquoi pas le podium, c’est le gros objectif de ma saison et ce serait la réalisation d’un rêve, il ne faut jamais dire jamais ». S’il ne s’est pas encore invité à cette fête sur le Tour, Simon Yates (7e et maillot blanc en 2017) fait partie des ambitieux capables de franchir un nouveau palier, tout comme Mikel Landa (4e en 2017) ou Enric Mas (5e en 2020).
DES BAROUDEURS EN PAGAILLE
Chaque année sur le Tour de France, un petit tiers des étapes est mise à profit par des coureurs qui ne sont pas désignés comme de grands favoris pour un bouquet, mais parviennent à aller chercher un morceau de gloire à la faveur d’une échappée ou d’un mouvement de contre-attaque bien senti. Les baroudeurs du peloton seront donc appelés à passer à l’action et c’est aussi dans ce registre que se projettent les coureurs d’Intermarché-Circus-Wanty, avec un candidat comme Georg Zimmermann, récompensé de son audace il y a quelques semaines sur le Critérium du Dauphiné à Crest-Voland. Des efforts similaires avaient aussi payé en 2022 pour les coureurs d’Israel-Premier Tech Simon Clarke et Hugo Houle. Leur coéquipier Michael Woods, qui a déjà triomphé à deux reprises dans le Pays Basque sur la Vuelta, se souvient qu’il y a « de très bons souvenirs ». Chez Lidl-Trek, Giulio Ciccone a eu l’honneur de passer un jour en jaune sur le Tour, mais se présente comme un chasseur d’étape tout à fait crédible. Après sa démonstration de force dans le Nord de la France dimanche dernier, le tout frais porteur du maillot tricolore Valentin Madouas s’emploiera lui aussi à un moment ou un autre pour transformer ses talents d’attaquant en une nouvelle ligne prestigieuse de palmarès. Chez AG2R-Citroën, Nans Peters connait ces frissons qui l’ont parcouru en franchissant la ligne d’arrivée de Loudenvielle en 2020, mais pas encore son coéquipier Aurélien Paret-Peintre, qui rentre aussi dans le portrait-robot de l’échappé victorieux, comme il l’a fait il y a quelques semaines sur le Giro. La liste peut bien entendu être allongée à souhaits…
VAN AERT DANS LE MATCH POUR LE MAILLOT VERT ?
Trois coureurs du peloton 2023 se sont précédemment imposés au classement par points : Mark Cavendish (2011, 2021), Peter Sagan (2012-2016; 2018-2019) et Wout van Aert (2022). Le Britannique et le Slovaque, au crépuscule de leurs carrières sportives, ne semblent pas s’attaquer à un pareil défi, tandis que le champion belge cultive l’ambiguïté sur ses intentions dans ce domaine. « Ce n’est pas mon objectif », assure-t-il dans une première intention, constatant tout de même « qu’il y a énormément de points dans les dernières étapes ». Effectivement, trois des quatre dernières étapes bénéficieront de la dotation maximale, Van Aert précisant d’ailleurs que « mon favori est Jasper Philipsen ». Il n’est pas interdit d’imaginer que le la lutte pourrait concerner les deux derniers vainqueurs sur les Champs-Elysées. Le sprinteur d’Alpecin-Deceuninck, 2e du classement 2022, n’exclut d’ailleurs pas cette éventualité : « Nous allons chercher à gagner des étapes, et ce serait naturellement une bonne manière d’accumuler des points pour le maillot vert ». Si les purs sprinteurs Fabio Jakobsen et Dylan Groenewegen ont tous les deux tiré dans le même sens en estimant qu’ils seraient désavantagés dans une chasse aux points tous azimuts, le concept pourrait en revanche intéresser le Danois Mads Pedersen ou le nouveau venu sur le Tour, Biniam Girmay.
SAFER : UN NOUVEL OUTIL POUR AMÉLIORER LA SÉCURITÉ
Dans la continuité d’un travail entamé il y a près de trois ans, les parties prenantes du cyclisme professionnel, à savoir l’UCI, les organisateurs, les équipes et les instances représentatives des coureurs, ont annoncé la création d’une structure destinée à améliorer les conditions de sécurité sur les compétitions. SafeR (pour SafeRoadcycling) a pour mission de répondre à l’augmentation du nombre d’incidents et de blessures observée depuis plusieurs années. Les premières réunions ont permis de définir les méthodes de travail de SafeR, organisme indépendant qui aura pour mission d’approfondir l’analyse de tous les risques relatifs aux parcours des courses et de prodiguer des conseils en matière de sécurité. En tant que président de l’AIOCC (Association Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes), Christian Prudhomme a souligné l’importance du travail effectué en commun et de la volonté de le poursuivre dans l’avenir : « La naissance de SafeR montre que toutes les familles du cyclisme souhaitent travailler ensemble et c’est capital. Cette nouvelle entité permettra de tirer le niveau de sécurité des compétitions vers le haut ». La conférence de présentation de SafeR a aussi donné l’occasion à David Lappartient, président de l’UCI, de rappeler les principaux enjeux : « La sécurité des coureurs et des personnes présentes à l’échelon course et au bord des routes est une priorité pour l’UCI. Malgré les mesures mises en place depuis le renforcement des règles de l’UCI sur la sécurité en 2021, force est de constater que le nombre d'incidents et de blessures ne cesse d'augmenter. L’UCI et toutes les familles du cyclisme doivent s'unir pour inverser cette tendance et cette volonté commune de trouver des solutions ensemble s'est concrétisée par la création de SafeR ».