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La maison Skelde, berceau des champions (I/V)

Série "Les joyaux de la Couronne"

Le Danemark rejoint cette année la liste prestigieuse des pays ayant accueilli le Grand Départ du Tour de France. Cette grande première accompagne lavènement dune « génération dorée » dans le grand concert du cyclisme international. Comment ont-ils imposé leur talent ? Le site letour.fr est allé à la rencontre des coureurs, formateurs et dirigeants qui ont façonné le cyclisme danois moderne.
Depuis 2008, Michael et Christa Skelde ont accompagné quelques-uns des plus beaux talents danois et les ont lancés vers le professionnalisme et les plus grands succès : Mads Pedersen, Magnus Cort Nielsen, Michael Valgren, Mads Würtz Schmidt, Kasper Asgreen… Le couple décrit sa passion et les nombreuses fonctions quils ont occupées dans le cyclisme, du développement de l'emblématique Cult Energy à la gestion de la carrière des coureurs.


I - Tomber sous le charme cycliste

« Je fais du vélo depuis l'âge de 10 ans », raconte Christa en replongeant dans ses souvenirs d’enfance dans les années 1980. « Et après avoir arrêté de rouler, j'ai commencé à travailler avec des cyclistes. J'ai d'abord été masseuse et soigneuse pour l'équipe nationale danoise. Ça m'a donné envie de les coacher, notamment sur l'aspect mental, alors j'ai étudié la psychologie et je suis devenue thérapeute. En 2015, j'ai décidé d'arrêter le vélo et de travailler avec des gens normaux, dans des entreprises normales. Mais je suis revenue en tant que dirigeante d’équipe en 2017, et maintenant j'aide Michael dans sa nouvelle entreprise, en coachant les coureurs avec lesquels il travaille en tant qu'agent. « J'étais cycliste, je n'ai jamais été très bon, mais j'étais professionnel dans quelques petites équipes », raconte Michael à propos de sa décennie dans les pelotons, de 1997 à 2007, durant laquelle il a terminé 2e de l'Etoile de Bessèges et 6e du Tour du Danemark. « Mon père était lui-même un cycliste amateur, parmi les meilleurs au niveau national à la fin des années 60 et dans les années 70. Le vélo était tout dans la famille. Quand j'ai arrêté ma carrière, j'ai pris en charge une équipe Continentale locale et la première chose que j'ai faite a été de dire à ma femme, qui était institutrice à l'époque, d'arrêter de travailler et de s'impliquer avec moi dans le développement de ce projet. J'ai été dans le cyclisme toute ma vie, je n'ai jamais rien essayé d'autre. »  

II - Monter son équipe

La dernière équipe de Michael en tant que coureur a également été la première que le couple a dirigée : Glud & Marstrang, dans leur ville natale de Horsens, à environ 25 km au nord de Vejle, d’où partira la 3e étape. « Au début, on était installé dans notre garage », se souvient Christa. « Et puis un sponsor nous a dit : « Vous pouvez avoir un service course et un bureau en ville, et nous livrerons des repas chauds tous les jours à vos coureurs ». J’y mettais toute mon énergie, ce n'était pas un travail, c'était notre vie. On travaillait beaucoup et on croyait vraiment au développement des jeunes. » « Nous n’étions pas les plus riches », confirme Michael. « Mais pour moi, il était vraiment important que nous utilisions la somme d'argent dont nous disposions pour faire les choses biens, et je considérais que le mieux à faire était de voyager autant que possible sur les courses UCI en Europe pour passer à l'étape suivante, grandir et affronter les équipes du World Tour quand cette opportunité se présentait. Je suis de la vieille école, j'étais très dur avec les coureurs, très honnête pour leur dire comment je voulais qu’on court. J'ai pris beaucoup de temps pour discuter et préparer les courses. Et j’en ai pris encore plus après les courses pour observer ce qu’on avait bien fait et comment on pouvait s’améliorer, même lorsqu’on gagnait. »  

III - Affronter (et battre) les meilleurs

L'équipe se développe et fait sensation en 2012 lorsque Sebastian Lander remporte non seulement le championnat national des moins de 23 ans, mais également le titre Elite en l'espace de deux semaines. « Nous avions un autre gars, André Steensen, à la 3e place et Michael Valgren était 4e », ajoute Michael Skelde. « C'était une équipe continentale qui bottait le derrière de la Saxo Bank, une des plus grandes équipes du World Tour à ce moment-là. Tout le monde a pu voir la différence qu’on apportait pour les jeunes talents. Christa a convaincu Cult de nous rejoindre et je pense que nous avons construit la meilleure équipe de développement au monde à cette époque. » « Nous avions vraiment une équipe solide avec Michael Valgren, Mads Pedersen, Magnus Cort Nielsen, Mads Würtz Schmidt… », développe Michael. « Nous avons remporté deux étapes du Tour du Danemark en 2013 et Magnus était leader de l'UCI Europe Tour en août 2014. Avec ces succès, il était naturel pour nous et pour le sponsor de franchir le pas et devenir Pro Continental. Je suis très heureux que nous ayons vécu cette expérience. Mais nous étions à la limite financièrement et 2015 a été une année très compliquée. Cela a vidé le projet de son énergie. » Michael et Christa Skelde ont ensuite travaillé comme managers avec Virtu, le projet de Bjarne Riis pour le cyclisme masculin et féminin, et Michael a été directeur sportif pour Riwal de 2019 à 2021.  

IV - Soutenir les coureurs sur tous les aspects

Les Skelde ont toujours affirmé leur volonté d’aller au-delà du développement athlétique de leurs coureurs. « Le cyclisme est très conservateur, donc au début, les coureurs avaient peut-être un peu peur de rouler pour nous », explique Christa. « Ils savaient que s'ils roulaient pour nous, je leur dirais: “Ok, tu dois te développer en tant que coureur, Michael va te l’apprendre, et je veux que tu te développes aussi en tant que personne. Tu dois donc me définir ce que tu veux dans ta vie.” Ça peut être un peu choquant pour un gars qui n'a que 19 ans. » Le choc a été utile à beaucoup, notamment Mads Würtz Schmidt, champion du monde junior, qui a eu du mal à trouver sa voie et a ensuite déclaré : « Christa m'a sauvé. » « Je travaille avec Mads depuis 2013, et je le fais toujours », explique-t-elle. Le couple souhaite désormais apporter le même type de soutien aux coureurs avec lesquels Michael a signé en tant qu'agent, des nouveaux talents et d'anciens protégés de l'équipe qu'il dirigeait : « À un moment donné, j'ai réalisé que je voulais continuer à les aider dans les deux premières années après avoir atteint le World Tour. Et j'espère aussi faire la différence quand ils en auront fini avec le cyclisme. Lorsque Magnus Cort Nielsen finira sa carrière, je veux l'aider dans sa vie d'après parce que ça représente un vide énorme. »  


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