La silhouette de Raymond Poulidor, familière à tous les suiveurs du Tour de France depuis 1962 sans interruption, disparaitra en laissant un grand vide dès l’été prochain. L’ancien coureur Limousin, décédé à l’âge de 83 ans, nous a quittés après avoir marqué le cyclisme du XXe siècle : il a couru aux côtés de Louison Bobet, de Jacques Anquetil, d’Eddy Merckx et de Bernard Hinault.
Il y a quelques semaines au Palais des Congrès, les yeux étaient rivés sur la carte du Tour 2020, mais les pensées étaient aussi en grande partie occupées par les augures concernant Raymond Poulidor, chacun des spectateurs se rappelant qu’il avait prononcé l’année dernière sur cette même scène l’un de ses bons mots sur le Maillot Jaune, déclarant aux côtés d’Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain : « à nous quatre nous avons gagné 15 Tours de France ! ». Bien entendu, le rapport singulier qu’il a entretenu avec le Maillot Jaune dont il a été si proche sans l’avoir jamais porté, depuis sa première participation en 1962 (3e) jusqu’à l’été dernier dans son rôle d’ambassadeur, a marqué les esprits et affolé les statistiques.
Le recordman des podiums du Tour (huit en quatorze éditions) n’ayant jamais mené le classement général, même pas le temps d’une demi-étape, voilà bien un comble ! Mais au-delà de cette comptabilité sportive, c’est bien son tempérament sur le vélo et partout ailleurs qui a conquis les cœurs et construit la relation qu’il a entretenue avec son public. Même au plus fort de la rivalité entre les « Anquetilistes » et les « Poulidoristes », la cote d’affection dont bénéficiait le coureur de Saint-Léonard-de-Noblat a largement compensé la malchance qui l’a souvent accablé sur les routes. À Scheveningen par exemple en ouverture du Tour 1973 où il a échoué à quatre-vingts centièmes de seconde de Joop Zoetemelk pour le gain du premier Maillot Jaune, ou sur la route d’Albi en 1968 lorsqu’une moto l’a renversé et ensuite contraint à l’abandon alors que le titre lui tendait les bras, « Poupou » a multiplié les coups du sort, qui se sont ajoutés à la fréquentation de concurrents hors-normes comme Jacques Anquetil puis Eddy Merckx. Malgré tout, l’histoire de Poulidor est aussi celle de nombreuses et belles victoires : parmi ses 187 succès, le Champion de France 1961 s’est imposé sur des courses par étapes comme Paris-Nice (1972-73), le Critérium du Dauphiné libéré (1966-69) ou le Tour d’Espagne (1964), mais aussi sur Milan-San Remo (1961) ou la Flèche Wallonne (1963).
Les équipes d’organisation du Tour de France s’associent à plusieurs générations d’amoureux du cyclisme pour accompagner et soutenir dans leur peine les proches de Raymond Poulidor.